Eau secours
Publié le 18 Janvier 2013
Ça fait si longtemps … ça fait si longtemps que je marche sans but. A traverser tellement de terres arides que j’en oublie leurs noms et puis … A quoi bon s’en rappeler ? A une époque nous donnions des noms aux choses pour se les approprier. La bonne blague ! Je préfère me souvenir du gout de l’eau, le sang de la Terre.
J’essaie de me souvenir pour pouvoir le décrire à ceux qui restent et qui sont trop jeunes pour l’avoir connu mais je n’y crois plus, on ne me croit plus. La plupart du temps on me prend pour un vieux fou. Pourtant, je ne leur parle que du gout de l’eau de source. Je n’ose pas leur décrire une fleur ou un arbre ! La plupart des personnes de mon âge sont déjà mortes depuis longtemps et je suis, comme qui dirait, l’une des dernières mémoires du monde d’avant. Alors plutôt que d’attendre ma fin dans un coin sombre avec pour seule compagnie quelques cafards et autres blattes, je parcours les routes. Et au plus profond de mon âme résonne encore l’espoir, l’authentique utopie de gouter et d’entendre chanter l’eau de source, sang de la terre.